Alors que nous apprenons aujourd’hui que Donald Trump a fixé les droits de douane à 15% pour les marchandises venant d’Union Européenne, revenons plus en détails sur l’offensive commerciale intense que livre Donald Trump au monde depuis son retour au pouvoir. En effet, il érige les droits de douane en instrument central de sa politique économique et entame des négociations coercitives sous couvert d’un état d’urgence national. Il redéfinit le commerce mondial par des tarifs massifs et une diplomatie tributée à la pression.

Pour justifier cette stratégie, il invoque l’International Emergency Economic Powers Act et instaure le 2 avril 2025 ses « Liberation Day tariffs ». Ces mesures imposent un taux général de 10 % sur toutes les importations, assorti de surtaxes ciblées jusqu’à 145 % pour certains partenaires. Elles s’appliquent à l’ensemble des biens canadiens, mexicains et chinois, hormis des dérogations USMCA maintenues pour partie.

Rétablir la souveraineté économique des États‑Unis

Donald Trump justifie ses mesures par la volonté de réduire les déficits commerciaux, relocaliser les industries stratégiques et renforcer la souveraineté nationale. Il impose 25 % de droits sur les produits issus du Canada et du Mexique, puis s’étend à la Chine avec des surtaxes jusqu’à 145 %.

Cette politique incline l’administration à cibler des secteurs clés, notamment l’automobile, l’acier, l’aluminium et la technologie. Trump justifie ces actions au nom de la sécurité nationale et de la restauration de la place industrielle américaine. Il évoque également des enjeux liés à l’immigration illégale ou aux trafics transnationaux.

Négocier par la pression et les représailles

Puis le président transforme les mesures tarifaires en arme de négociation géopolitique. Il conclut un accord avec l’Union européenne fin juillet 2025, imposant un tarif de 15 % au lieu des 30 % évoqués. En échange, l’UE s’engage à investir 600 milliards de dollars et acheter pour 750 milliards de produits énergétiques et de défense américains.

donald trump guerre économiqueDe même, une entente similaire atteint le Japon, réduisant les droits sur l’automobile à 15 % contre un engagement d’investissement significatif (plusieurs centaines de milliards de dollars) et un accès élargi des exportations américaines sur le marché nippon.

Il adopte une stratégie coercitive à l’échelle mondiale. Il menace des nations comme le Brésil, l’Indonésie ou le Vietnam de tarifs allant jusqu’à 50 % si elles ne concluent pas un accord avant la date butoir du 1er août 2025. Il affirme qu’il n’y aura aucune prolongation de délai selon son Commerce Secretary Howard Lutnick.

Mesurer les effets économiques et stratégiques

Cette guerre économique induit une hausse significative du taux moyen de droits de douane aux États‑Unis. Le taux passe de 2,5 % en 2024 à une fourchette allant de 24 % à 27 % en 2025, niveau historique jamais atteint depuis le Smoot‑Hawley Act de 1930.

Les recettes fiscales explosent. Elles s’élèvent à 171 milliards de dollars en 2025, soit environ 0,5 % du PIB fédéral. Les projections sur dix ans laissent entrevoir plusieurs centaines de milliards de recettes supplémentaires si les mesures persistent.

Cependant, cette inflation tarifaire se transmet rapidement aux consommateurs. Selon Goldman Sachs, Deutsche Bank ou le Yale Budget Lab, chaque foyer subit une perte annuelle estimée entre 1 200 et 3 800 USD entre les dépenses et le revenu. L’inflation pourrait atteindre jusqu’à 2,3 % en 2025 et se traduire par une hausse durable des prix à la consommation.

Paradoxalement, l’économie américaine montre une certaine résilience. Au deuxième trimestre 2025, la croissance atteint 2,4 % et le taux de chômage reste stable autour de 4,1 % malgré les tensions économiques.

Pourtant, cette stabilité masque des fragilités. La confiance des consommateurs décline. Les anticipations d’inflation dépassent 7 % et les déficits publics s’alourdissent. Les risques de récession latente s’intensifient selon JPMorgan, le Penn Wharton Budget Model et Moody’s Analytics.

Confrontation institutionnelle et diplomatique

En mai 2025, la Cour internationale du commerce (Court of International Trade) suspend les « Liberation Day tariffs », considérant qu’ils excèdent l’autorité présidentielle prévue par l’IEEPA. La décision constitue un arrêt permanent bloquant la collecte des droits imposés. Toutefois, l’administration fait appel, suspendant l’injonction le temps d’un jugement en cours le 31 juillet.

En parallèle, la volonté de limoger Jerome Powell, président de la Réserve fédérale, renforce les tensions entre l’exécutif et l’institution monétaire, suscitant une incertitude accrue sur la stabilité macroéconomique.

Sur le plan diplomatique, plusieurs partenaires expriment fermement leur désaccord. La Commission européenne affirme qu’elle réagira rapidement à toute barrière commerciale abusive. Le Japon, le UK et des pays asiatiques exigent des clarifications sur la pérennité des accords négociés. Certains évoquent un déséquilibre flagrant entre concessions américaines et gains réels pour les partenaires.

Plusieurs pays du BRICS menacent des ripostes escaladées. L’Asie du Sud-Est renforce ses mesures contre les exportations vers les États-Unis. Le commerce mondial s’oriente vers une fragmentation accrue, avec une régionalisation en expansion et des repositionnements stratégiques dans les chaînes de valeur.

Impacts sectoriels et ajustements des entreprises

Certains secteurs comme l’automobile, l’agroalimentaire ou la construction subissent des effets massifs. L’impact cumulatif des droits sur les véhicules, l’acier, l’aluminium provoque un phénomène dit de « stacking dome », générant des coûts d’importation dépassant parfois 50 %. Les constructeurs américains comme Ford, GM ou Stellantis alertent sur un effet de trou dans la chaîne de valeur. Plusieurs usines ferment temporairement et des milliers d’emplois sont menacés.

Pour répondre au risque, plusieurs entreprises internationales engagent des stratégies de « friendshoring ». Elles déplacent la production vers des pays moins exposés aux tarifs. Toutefois, ces réorganisations entraînent des coûts significatifs, des ruptures dans les délais logistiques et une complexification des flux. Le rêve d’une décarbonation globale du transport est remis en question par le besoin de flexibilité tarifaire.

Le secteur agricole américain subit également des pertes majeures, en particulier avec la Chine. Des expéditions massives ont été annulées. Les agriculteurs accumulent des stocks non écoulés ou des contrats invalidés. La volatilité alimentaire atteint un point critique, avec des effets sur l’économie rurale américaine.

Les entreprises multinationales signalent une incertitude de trésorerie. Nombre d’entre elles révisent à la baisse leurs prévisions de profits. La confiance des conseils d’administration vacille alors que les politiques tarifaires fluctuent jour après jour

Une doctrine nationaliste et populiste affirmée

Donald Trump illustre une doctrine de guerre économique reposant sur un discours nationaliste. Il promeut l’idée d’« America First » comme remède à la mondialisation supposée néfaste. Il soutient que les tarifs protègent les emplois américains, restaurent l’équilibre budgétaire et renforcent la souveraineté industrielle nationale.

Sa rhétorique politique associe immigration illégale, relocalisation productive et sécurité nationale. Il lie les restrictions douanières à des menaces de trafic ou de déséquilibre migratoire, notamment par rapport au Mexique ou à la Chine.

Ce récit populiste s’adresse directement à une base électorale désillusionnée par la mondialisation. Trump instrumente la confrontation commerciale contre les institutions multilatérales qu’il juge corrompues ou inutiles. Il transforme les négociations commerciales en enjeux idéologiques.

Enjeux pour les dirigeants

Les entreprises corporate doivent repenser leurs modèles stratégiques. Elles doivent intégrer la volatilité tarifaire dans leurs décisions d’approvisionnement, d’implantation et d’investissement. Elles doivent anticiper les ruptures géopolitiques et ajuster les positions de risque.

Il convient d’analyser finement les impacts sectoriels, d’évaluer les scénarios de relocalisation ou d’adaptation des chaînes logistiques. Il faut renforcer les mécanismes de couverture financière, diversifier les fournisseurs et se prémunir contre la volatilité des prix.

Il importe également d’adopter une approche insight‑based. Réaliser une veille économique constante, suivre les évolutions juridiques, anticiper les décisions de justice et orchestrer une communication proactive auprès des partenaires, des actionnaires et des autorités.

Enfin, il importe de cultiver une flexibilité stratégique. Les entreprises doivent mobiliser des dispositifs opérationnels agiles, capables de réagir rapidement en cas de scandale tarifaire, de blocage ou de systemic risk. Cette période impose une vigilance accrue.

Donald Trump mène depuis début 2025 une guerre économique mondiale fondée sur des tarifs record, des menaces coercitives et une vision populiste affirmée. Il transforme les échanges globaux en champ de bataille idéologique. Il génère des gains fiscaux à court terme mais expose le système à des fragilités durables. Il redessine l’ordre commercial mondial en imposant son tempo.

Pour les dirigeants corporate, cette nouvelle réalité exige une adaptation stratégique rapide. Chaque décision d’internationalisation, d’approvisionnement ou d’investissement doit tenir compte de la recomposition dynamique des rapports commerciaux. L’environnement exige plus de vigilance, de flexibilité et de maîtrise des risques que jamais.

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