Jusqu’où le groupe Solocal va chuter ? Son cours en bourse s’effondre depuis des années et sa valorisation boursière se rapproche de plus en plus de zéro. Quel avenir pour le groupe, ses 2000 salariés et ses emblématiques marques Pages Jaunes et Mappy ? 

Le modèle économique de Pages Jaunes confronté à l’émergence de Google

Le premier annuaire fut créé en 1683 par l’administration française sous Louis XIV afin de répertorier les noms des hauts fonctionnaires d’État et professeurs d’universités.

Par la suite, en 1819,  Sébastien Bottin reprend le modèle de l’Almanach Royal pour créer le premier annuaire téléphonique des entreprises  sous le nom de l’Almanach du commerce et de l’industrie.

Son invention fera date et le bottin entretera dans le langage courant pendant presque deux siècles en France.

Le concept est si ingénieux et utile que le monde entier le reproduit.

C’est d’ailleurs aux Etats-Unis que la distinction Pages Jaunes / Pages Blanches se réalise grâce Reuben DONNELLEY qui différencie les professionnels des particuliers à partir de 1886 en imprimant sur papier jaune les coordonnées des entreprises.

En France, la société HAVAS reprend le concept en 1896 et crée l’Office d’annonces afin de vendre des espaces publicitaires.

Elle bénéficie de la révolution des centres d’appels automatiques en 1913 qui provoque une croissance exponentielle du nombre d’abonnés téléphoniques.

Devant le succès du modèle économique d’HAVAS, le ministère des Postes, Télégraphes et Téléphones (PPT) lui confie la régie publicitaire des annuaires en 1946.

Cependant, l’arrivée du Minitel dans les années 1980 puis d’Internet à la fin des années 1990 bouleverse le modèle économique des annuaires traditionnels et signe le début d’une décroissance continue.

En effet, la consultation des annuaires téléphoniques disparait progressivement au profit de Google et autres moteurs de recherche.

Pourtant, France Télécom rachète en 1998 l’Office d’annonces (ODA) à HAVAS et le groupe Solocal (alors Pages Jaunes) est introduit en bourse.

La révolution numérique et du marché publicitaire échappe de plus en plus aux annuairistes.

Pages Jaunes tente bien de se moderniser en se numérisant, en créant son application mobile ou en nouant des partenariats avec les moteurs de recherches ou Facebook mais rien n’y fait.

Ainsi, Solocal, comme ses homologues à l’international, ne parvient pas à se réinventer et tous semblent voués au même destin.

Son positionnement comme premier acteur du marketing digital en France et sa relation privilégiée avec toutes les entreprises locales ne lui permet pas d’éponger sa monumentale dette malgré plusieurs restructurations financières.

Un cours en bourse qui s’effondre depuis 2006

La visualisation du cours en bourse du titre Solocal Group depuis son introduction en 2004 est terrible puisqu’après une embellie jusqu’en 2006, nous assistons à une dégringolade sans fin du titre qui perd quasiment 100% de sa valeur boursière.

SOLOCAL faillite

Sur la dernière année, le titre perd 86,72% de sa valeur !

SOLOCAL cours bourse 1 an 86,72%

Un aperçu de son cours sur le dernier mois est tout aussi inquiétant puisqu’il perd près d’un tiers de sa valeur.

SOLOCAL cours bourse 1 mois

Le 26 juillet 2023, Solocal publiait ses résultats du premier semestre de l’année en cours :

  • un chiffre d’affaires de 186 millions d’euros en baisse de 7,5% par rapport à la même période en 2022
  • un EBITDA (Excédent Brut d’Exploitation (EBE) pour la comptabilité en France) de 34 millions € soit -39% par rapport au S1 2022
  • une trésorerie disponible de 63,3 millions d’euros
  • une dette financière nette de 181 millions d’euros

Aussi, même si l’entreprise est bénéficiaire, force est de constater que sa dette est collossale par rapport son EBITDA.

Pour information, le mandat ad hoc est une procédure préventive de règlement des difficultés destinée aux entreprises qui ne sont pas en cessation des paiements. Elle est souvent utilisée afin de réaménager les dettes d’une entreprise en difficulté de remboursement.

A ce jour, près de 2000 salariés sont sur le qui vive en espérant une issue miraculeuse qui leur permettrait de préserver leur emploi.

En attendant, il ne sera pas simple pour Solocal de séduire de nouveaux clients face au risque de faillite.

La valorisation boursière actuelle s’élève à 11 millions d’euros mais, compte tenu de l’endettement du groupe, ce dernier ne vaut pas grand-chose.

Il n’est pas impossible que les actifs du groupe soient rachetés à la barre du tribunal du commerce de Nanterre après sa liquidation judiciaire.



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